Scylla, le monstre marin remonte des abysses avec l’album « Éternel » dans lequel on peut voir jaillir la plus belle des lumières.
Scylla : session d’écoute de l’album « Éternel »
L’auteur de « BX Vice » a multiplié les œuvres ces dernières années tout en prenant soin de faire peau neuve à chacune d’elles. Il revient cette année avec un projet qui vient s’inscrire dans une nouvelle direction artistique pleine de finesse.
Nous avons eu la chance d’écouter le nouvel opus de Scylla à la Marbrerie quelques jours avant sa sortie officielle. Présenté par Ouafae Mameche, journaliste aux multiples casquettes ayant à cœur de donner la parole à ceux dont le parcours est inspirant, mais invisible.
La session d’écoute a été organisée par Sonorium, créateur d’expériences musicales qui propose des moments collectifs dédiés à l’écoute musicale.
L’occasion pour nous de dédier une écoute attentive à la musique de Scylla pour découvrir toute sa richesse, sur un système de son hautefidélité, lors d’un moment où le temps interrompt sa course.
Scylla : un univers poétique avec une nouvelle direction artistique
Scylla a forgé sa réputation et la pérennité de sa carrière en trouvant le parfait équilibre entre l’intégrité du fond et la précision de la forme. Probablement l’un des rappeurs les plus complets de la francophonie, il arrive encore une fois à nous offrir un univers poétique avec une direction artistique très cohérente à travers ses mots, ses sonorités et sa vision de la vie.
Celui qui a une voix d’orge et un visage d’ange est réputé pour la justesse de sa prose et sa musique bouleversante. Il ne se considère pas comme un donneur de leçon et préfère être suggestif dans ses écrits et laisse le soin à l’auditeur de faire ses propres conclusions.
Il nous livre à travers ce nouveau projet un rap abyssal et très technique, un contraste parfait entre une force brute et une sensibilité à fleur de peau. La qualité incontestée de son écriture le place aujourd’hui parmi les plumes les plus profondes et les plus puissantes du paysage artistique francophone.
Scylla : Le Retour du roi
Après la période du Covid durant laquelle il a délaissé l’écriture pour se recentrer plus sur son cocon familial. Scylla prend sa voiture sur un coup de tête et roule sans savoir réellement où aller, se retrouve perdu dans le sud de la France sans réseau. Le titre « Ciel Mauve » est le fruit de ce périple qui lui a permis de se remettre dans une nouvelle dynamique d’écriture.
Le nouveau défi de l’artiste a été de nous livrer des fragments d’éternité, une œuvre qui peut échapper purement et simplement à l’influence du temps. Le rappeur ne s’est imposé aucune limite et a toujours été fidèle à sa ligne de conduite.
Cet album est probablement le projet qui synthétise le mieux Scylla, il est très personnel et montre ses multiples facettes. L’occasion aussi de réaliser un rêve de gosse en collaborant avec Akhenaton, l’artiste qui l’a le plus influencé et qui lui a donné l’envie de prendre la plume. Ce dernier a d’ailleurs montré qu’il était toujours présent et a honoré l’invitation avec un couplet hors norme.
L’artiste lyrique nous montre à travers cette œuvre une versatilité rare dans le rap francophone. L’opus est une évasion de l’âme, réduit la dimension physique et l’attachement à toute matière, privilégie une dimension plus spirituelle et permet d’élever les esprits.
L’univers musical est accompagné d’un univers visuel qui nous plonge dans un monde dystopique, post-apocalyptique dans lequel on se sent plus que jamais vivant. La question que je me pose après cette première écoute, et si le meilleur rappeur français était finalement belge ?